Pratiques commerciales : 4 exemples d’abus à éviter !

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Femme d'affaires préoccupée face à des papiers confus

169 000 euros. C’est le montant record d’une amende infligée, en France, à une entreprise pour pratiques commerciales trompeuses en 2023. Aucun spot publicitaire tapageur, aucune promesse alléchante ne compense le prix à payer face à une infraction avérée. Derrière le jargon juridique, une réalité brute : le moindre écart, même involontaire, peut coûter bien plus qu’une simple sanction financière.

Des pratiques jugées « innovantes » ou simplement agressives franchissent parfois la ligne jaune, et les entreprises responsables s’exposent alors à bien plus qu’un rappel à l’ordre. L’impact ne se limite pas à l’amende : la crédibilité de la marque s’effrite, la confiance du public s’évapore, et le retour en arrière s’avère long et coûteux.

Pourquoi certaines pratiques commerciales sont jugées déloyales ?

La notion de pratique commerciale ne relève pas de la fantaisie de l’entrepreneur. Depuis la directive 2005/29/CE, reprise dans le Code de la consommation, toute action, omission ou communication liée à la promotion ou à la vente d’un bien entre dans ce champ. Deux critères encadrent strictement la frontière entre démarche commerciale légitime et pratique commerciale déloyale.

Première exigence : la diligence professionnelle, soit le niveau d’exigence et de discernement attendu d’un professionnel compétent, comme le précise l’article 2 h) de la directive. Deuxième pilier : l’altération substantielle du comportement économique du consommateur. Autrement dit, toute méthode qui fausse considérablement la capacité d’un client à faire un choix avisé. Lorsque l’un de ces deux critères fait défaut, la pratique tombe dans la catégorie des agissements déloyaux.

Deux grandes catégories de dérives se distinguent : les pratiques commerciales trompeuses, qui s’appuient sur des affirmations fausses ou des omissions décisives pour abuser la confiance du public ; et les pratiques commerciales agressives, qui s’expriment par une pression constante, des menaces ou du harcèlement, jusqu’à priver le consommateur de sa liberté d’arbitrage.

La réglementation ne laisse rien au hasard : la liste noire des articles L. 121-4 et L. 121-7 du Code de la consommation recense les pratiques commerciales interdites. Que l’on soit indépendant, TPE ou multinationale, personne n’est à l’abri. L’analyse s’effectue à la lumière du comportement du consommateur moyen, et du niveau d’exigence que la profession impose.

Zoom sur 4 exemples d’abus fréquents à éviter absolument

La palette des pratiques commerciales trompeuses et des stratégies agressives est large, mais certains procédés reviennent avec une constance qui n’échappe pas à la DGCCRF. Voici quatre dérives souvent identifiées lors des contrôles :

  • Publicité mensongère : vendre un produit ou un service qui ne correspond pas à ce qui est affiché, enjoliver la réalité ou promettre l’impossible. L’article L. 121-2 encadre sévèrement ces écarts et prévoit des sanctions lourdes pour les entreprises qui s’y risquent.
  • Fausse réduction : présenter un prix barré ou une promotion « exceptionnelle », alors que le tarif de départ n’a jamais existé ou a été gonflé artificiellement. Le prix de référence doit reposer sur des bases saines, sous peine de manipuler le client sur le gain réel.
  • Greenwashing : attribuer à un produit ou une marque des qualités environnementales ou sociales sans preuve tangible, dans l’unique but de séduire une clientèle soucieuse de responsabilité. L’article L. 121-4 pointe ce type de pratique, qui figure sur la liste noire des dérives à proscrire.
  • Vente au timer : inciter à l’achat par un compte à rebours anxiogène ou une disponibilité prétendument limitée, alors que l’urgence est purement fictive. Ce procédé influence la décision d’achat et s’apparente, juridiquement, à une pratique agressive.

À chaque étape, la rigueur doit primer. Le consentement éclairé et la diligence professionnelle ne sont plus de simples valeurs morales : ce sont des obligations inscrites dans la loi.

Quels risques pour les entreprises en cas de pratiques déloyales ?

Se risquer sur le terrain des pratiques commerciales déloyales, c’est s’exposer à une double sanction : civile et pénale. La mécanique juridique, pilotée par le Code de la consommation, ne fait aucun cadeau à l’amateurisme.

Côté pénal, les choses sont claires : les pratiques trompeuses ou agressives peuvent entraîner jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende (articles L. 132-2 et L. 132-11). Pour les sociétés, ce plafond peut grimper à 10 % du chiffre d’affaires annuel, de quoi inquiéter même les plus grandes structures. La DGCCRF, les clients ou même les concurrents peuvent saisir le tribunal correctionnel pour faire cesser les infractions.

Sur le plan civil, un contrat obtenu par une pratique commerciale déloyale risque d’être annulé (article L. 132-10). Le client lésé peut solliciter réparation, voire la résolution de la vente. L’entreprise doit alors faire face à une remise en cause complète de sa relation commerciale, parfois assortie de dommages et intérêts.

Un autre angle d’attaque existe : la concurrence déloyale. Un concurrent victime de ces agissements peut saisir le tribunal de commerce. Les décisions de la Cour de cassation et de la CJUE sont venues renforcer la protection du consommateur et de l’équilibre du marché. La réputation, souvent considérée comme un actif intangible, peut basculer durablement.

Jeune homme surpris avec son smartphone au café

Mettre en place une démarche responsable pour protéger son activité

Adopter le regard d’un professionnel avisé ne consiste pas seulement à appliquer la loi à la lettre. Il s’agit de nouer une relation de confiance durable avec ses clients, dans un contexte où la vigilance des associations et les contrôles de la DGCCRF s’intensifient. La moindre pratique commerciale déloyale détectée peut nuire à l’entreprise, au-delà de toute procédure judiciaire.

Quelques réflexes concrets permettent de renforcer la prévention :

  • Faire le point sur l’ensemble des pratiques commerciales internes et externes, pour s’assurer de leur conformité.
  • Sensibiliser les équipes aux risques liés à toute pratique commerciale trompeuse ou agressive.
  • Actualiser régulièrement les documents commerciaux et la publicité.
  • Mettre en place un dispositif pour recueillir rapidement tout signalement d’écart ou d’ambiguïté sur les offres.

La transparence, ici, n’est pas un luxe mais une nécessité. Présentez des informations claires, sans détour. Contrôlez soigneusement les descriptions de produits, les conditions contractuelles, la communication, pour qu’elles résistent à l’examen d’un juriste ou d’un représentant d’association de consommateurs. Un audit externe, même ponctuel, offre un regard neuf et permet d’anticiper les évolutions du Code de la consommation ou de la directive 2005/29/CE.

La responsabilité va désormais bien au-delà du simple respect des textes. Elle implique la capacité à repérer, avant qu’ils ne se produisent, les risques d’atteinte à l’intégrité du client, qu’il soit particulier ou professionnel. Piloter son activité avec rigueur et rester en veille sur les nouvelles obligations devient le meilleur rempart face à la montée des alertes et aux plaintes de consommateurs.

Entre signalements, régulations et attentes croissantes du public, l’entreprise n’a plus droit à l’approximation. Adopter une démarche responsable, c’est choisir la solidité sur la durée plutôt que le bénéfice immédiat, et c’est, souvent, la seule voie pour rester digne de confiance dans la tempête.